Trump, l’arbre qui cache la forêt
Les images des troupes fanatisées de Trump envahissant le Capitole ont provoqué une immense réprobation internationale. Perdant au second tour des présidentielles américaines, Trump avait une lourde responsabilité. Le tout finit dans la violence. Il ne m’appartient pas de juger des motivations des deux camps, je ne suis pas Américain. J’y vois juste la déréliction d’un dirigeant obsédé par les réseaux sociaux qui n’hésite pas à recourir à la violence pour tenter de se maintenir.
En France, notre Président s’est réveillé en pleine nuit, a fait installer fissa le drapeau américain aux côtés des drapeaux français et européen, au mépris du protocole le plus élémentaire car il ne peut s’exprimer au nom des Américains, et il n’a eu de mot trop fort pour condamner cette atteinte aux principes démocratiques. Seulement, quand on donne des leçons de démocratie, il faut être exemplaire chez soi.
Or la démocratie s’abîme chez nous à une vitesse inquiétante.
Quand Emmanuel Macron confie à 25 citoyens choisis au hasard le contrôle de la laborieuse campagne de vaccination que son Gouvernement lance, il contourne, voire méprise le rôle du Parlement, qui est précisément là pour contrôler l’action du pouvoir exécutif. Sauf à considérer que les 577 Députés et 348 Sénateurs sont inaptes. La démocratie française s’abîme.
Quand le même Emmanuel Macron institue une convention citoyenne pour le climat, leur promet d’appliquer à la lettre leurs recommandations, puis n’en fait rien… La démocratie française s’abîme. Le site officiel de ladite convention ose écrire en préambule, caractères 18 : « Pour la première fois, un panel décrivant la diversité des citoyens et citoyennes françaises est directement impliqués dans la préparation de la loi.». Relisez bien chacun des termes. Ca ressemble bigrement à la définition du Parlement, non ?
Quand François Hollande puis Emmanuel Macron s’assoient sur un référendum local et 178 décisions de justice favorables à l’aéroport Notre-Dame des Landes et cèdent face à l’occupation illégale et la violence des Zadistes et de l’ultragauche, la démocratie s’abîme. Et quand localement Johanna Rolland et ses alliés Verts refusent de condamner clairement l’ultra-gauche et ses méthodes violentes, la démocratie s’abîme.
La démocratie s’abîme et les Français s’en détournent, lentement mais sûrement. Les Gilets Jaunes en ont été un symbole éclatant, auquel Macron a répondu par un interminable monologue.
La démocratie participative à la Nantaise c’est « dîtes-moi ce que vous en pensez, que je fasse bien comme j’avais prévu ».
A Nantes, aux dernières municipales, 7 Nantais sur 10 ont boudé les urnes et le contexte sanitaire n’explique pas tout (l’abstention aux municipales à Nantes n’a cessé de croître).
Les Nantais sont las du simulacre de démocratie participative, qui masque une pratique très verticale du pouvoir par Johanna Rolland :
- fiasco du Yellow Park à la Beaujoire,
- fermeture autoritaire du Pont Saint-Mihiel,
- passage non concerté à 30 km/h à la rentrée de septembre,
- aménagements absurdes (autour du Pont Anne de Bretagne, par ex.) qui embolisent la ville.
Oh, pour nombre de ces projets, comme demain l’aménagement de la petite Hollande, vous trouverez un magnifique site de « dialogue citoyen ». Si vous êtes courageux, exprimez-vous mais n’en attendez pas trop : les choses sont bouclées, verrouillées.
- Vous pensez que fermer les voies sur berge devant l’île Gloriette est une ineptie ? Et bien, fidèle à la méthode Hidalgo, Johanna Rolland a sûrement décidé pour vous, horribles rétrogrades, qui semblez ignorer les délices de la ville « marchable » et des « mobilités complices ».
- Vous suggérez de maintenir le seul stationnement gratuit pour les salariés des commerces du centre qui n’ont pas les moyens de se garer ? Décidément, vous frisez le camp de rééducation !
A force de coups de canif dans le contrat démocratique qui nous unit, le divorce entre les citoyens lambda et les politiques est consommé.
Au niveau international, national et local, écoutons nos concitoyens qui veulent que leur parole soit prise en compte, innovons pour rapprocher la décision de l’habitant, mais n’abîmons pas nos institutions déjà fragilisées. Les condamnations faciles de l’épouvantail Trump ne peuvent plus masquer l’indigence de nos pratiques politiques. La gauche nantaise et le macronisme triomphant ne devraient pas jouer ce jeu dangereux.
Foulques Chombart de Lauwe
Comme disait Churchill, « la démocratie est la pire des formes de gouvernement, à l’exception de tous les autres ». Par notre exemplarité, prenons-en soin.