Voilà neuf mois que je suis élu conseiller municipal de Nantes. Le temps qu’il faut dans la vraie vie pour préparer un petit d’Homme.
Après neuf mois, de quoi va accoucher l’équipe municipale ? De rien, ou si peu. On jurerait une grossesse nerveuse : c’est long, pénible, douloureux pour beaucoup de Nantais, d’autres prennent du poids à force de mettre les doigts dans le pot de confiture (voyez les scandales de la Folle Journée ou du Voyage à Nantes), mais de délivrance, aucune. D’ambition, encore moins.
Mars 2021, c’est « Nantes année zéro ».
On agite bien des hochets qui sauront toujours plaire au quidam dont la docilité fiscale n’a d’égale que la passivité : houra, les transports en commun seront gratuits le week-end. La belle affaire. La gratuité est un leurre. Transporter des gens en masse coûte très cher (550 millions d’euros l’an dernier). Une part est payée par les entreprises via le versement transports, le reste est assumé par… les Nantais via les impôts locaux. Oyez bonnes gens, on vous ment : rien n’est gratuit en ce bas monde.
Du rififi chez les condés nantais
Sur l’insécurité, c’est la patate chaude : la Maire de Nantes recycle à l’infini son annonce de la création d’une police métropolitaine des transports, qui date de mi 2020, mais les Nantais ne voient rien venir tant les recrutement tardent à se concrétiser. Quant aux 29 postes de policiers municipaux laborieusement décidés en décembre, pas un képi à l’horizon. Sans grande surprise : qui voudrait patrouiller la nuit dans Nantes sans arme ?
D’ailleurs, pour la petite histoire, sachez que les Policiers municipaux ont obtenu de plates excuses de l’adjoint multicasquettes Pascal Bolo pour le « mépris » dans lequel il les tient quand il les traite « d’auxiliaires sans compétences judiciaires ». Ambiance ! Il a mangé son chapeau mais tout cela en off, bien entendu. Cette soudaine humilité avait un prix : obtenir que le préavis de grève lancé par FO vendredi dernier soit levé. Ce qui fut fait en leur accordant l’essentiel de leur revendication, sauf la première et la principale : l’armement létal. Minable manœuvre qui se fait au péril de la vie des agents.
Pour l’ambition, vous repasserez
Après neuf mois de vie municipale nantaise, ce qui m’atterre, c’est l’absence totale d’ambition et de vision pour notre ville. En neuf mois, « on pouvait faire… Oh, Dieu… Bien des choses en somme ! », comme par exemple :
- Demander avec courage la libération du site du Carnet, pièce maîtresse du développement futur du Port de Nantes Saint-Nazaire autour des éco-industries ;
- Acter le nouveau franchissement de Loire qui fluidifierait le trafic routier (en laissant les camions sur Cheviré) et faciliterait les transports Nord-Sud (y compris en commun) dans la métropole ;
- Lancer un plan massif pour l’enseignement supérieur et la recherche nantaise. Nous pourrions être des champions européens en matière d’ingénierie océanique, sur les matériaux composite, l’alimentation saine ou encore les microalgues ;
- Décider de devenir une « ville sans drogues », où les addictions deviendraient l’affaire de tous, grâce à une prévention massive auprès des jeunes et des adultes. Les trafics s’en ressentiraient, c’est certain.
- créer une alliance pour une alimentation locale avec les territoires ruraux (agricoles, maraîchers, horticoles) et littoraux (pêche, aquaculture, conchyliculture) voisins, en inventant les schémas logistiques correspondants.
Pour cela, il faudrait penser à autre chose qu’à devenir porte-parole du PS (wahou, la belle promotion) ou patronne de France urbaine. Il faudrait aussi penser au-delà du périphérique.
En fait, il faudrait penser Nantes en grand. Et agir. Décidément, le jeu à la Nantaise a du plomb dans l’aile.
Foulques Chombart de Lauwe