Le grand absent du débat sur l’insécurité : la consommation
Emmanuel Macron a pris un ton martial lundi dernier dans sa tribune au Figaro pour expliquer aux Français combien il prenait leur sécurité au sérieux : places de prison, effectifs de police, refus du laxisme, fin de l’impunité, presque tout y était. J’avais envie d’y croire, franchement. Et puis j’ai entendu son interview le soir à CBS où il explique qu’il faut « déconstruire notre histoire », probablement pour y traquer le racisme systémique et se repentir éternellement du néocolonialisme rampant ! Une nouvelle fois, les Français butent sur l’impossibilité du « en même temps ». Notre Président est un pompier pyromane, il faut s’y résigner (encore un an).
Dans cette interview où chaque mot est pesé, il a évoqué un sujet que nombre de responsables politiques occultent : le lien entre l’insécurité et la consommation massive de drogues dans notre pays. Je trouve cela courageux et j’aimerais que cela ne reste pas lettre morte. La clé de la bataille pour une « vie paisible » est là.
Certes, le nouveau grand « débat » qu’il a annoncé me semble très en dessous de l’enjeu et risque d’accoucher d’une souris comme celui qui fit suite à la crise des Gilets jaunes.
A Nantes, c’est service minimum pour la prévention des addictions
Pour la prévention contre la drogue, le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est service minimum dans le système scolaire. A Nantes, par exemple, ville qui se targue de faire beaucoup de prévention de la délinquance, on donne royalement… 300 euros de subvention annuelle à une des rares associations qui intervienne devant les scolaires sur les addictions. Elle demandait 1500 euros, vous comprenez.
L’autre association que j’ai rencontrée a renoncé à demander des aides régulières. Quelques projets inspirés des méthodes anglosaxonnes seraient à l’étude mais rien de massif ni de concret. Quand il s’agit de coacher les élus de la majorité avec des méthodes tantriques, on trouve 20.000 euros sans problème, je le rappelle.
Lançons un plan ambitieux « Ville sans drogues »
Il est urgent de lancer un plan « Ville sans drogues » à Nantes et en faire un modèle national. Il faut avoir le culot de rêver, certaines villes l’ont fait :
- une ville où les parents disposeraient d’un kit adapté à chaque âge de leurs enfants pour leur dire avec les bons mots combien les drogues sont une impasse, combien il est faut qu’il existe des drogues « douces » ;
- une ville où chaque jeune Nantais serait au moins une fois dans sa scolarité confronté à la réalité des effets du haschich sur son système nerveux, à des témoignages de toxicomanes ;
- Une ville où les toxicomanes seraient vraiment aidés à se libérer de cette prison qu’est la drogue, avec une solidarité des Nantais qui les y encourageraient.
Si nous faisons cela, les trafics diminueront. La paix reviendra dans les quartiers et les cages d’escaliers qui leurs servent de supermarché. Les Nantais pris en otage pourront enfin relever la tête.
Combien de vies gâchées avant que nous réagissions ?
Vous me trouvez angélique ? Je ne crois pas. La consommation massive de drogues ne doit pas être une fatalité. En France, la situation est préoccupante (voir graphique ci-dessous). Sans parler de la tendance à la hausse de ces consommations et de la dangerosité croissante des produits consommés.
En Argentine, j’ai connu des jeunes qui se shootaient à la colle faute de mieux. Au Mexique, pendant trois ans, j’ai vu un pays sombrer dans les trafics causés par le désir de leurs voisins américains de « s’éclater ». Ici, j’ai vu des proches gâcher leur vie (voire la perdre) à cause de la drogue, même quand on la dit « douce ».
Je ne veux pas m’y résigner. Je vois des Nantais subir tous les jours les effets de nos innocents « petits pétards sans conséquence ». Quand il faut s’inquiéter de l’origine de nos choux-fleurs, il y a du monde ! Mais pour réfléchir à l’impact de cette petite évasion quotidienne, il n’y a plus personne. C’est aussi ça, la RSE, l’éthique, la cohérence, la générosité, la solidarité, appelez-la comme bon vous semble.
Certains répondront qu’il faut légaliser le cannabis. J’y suis opposé pour des raisons que je développerai dans un autre article. S’agissant des consommations de drogue, je leur réponds que là n’est pas la question. Je leur pose à mon tour la seule question qui vaille : veulent-ils, voulons-nous, oui ou non, nous libérer de ce fléau ? Peu m’importe d’où viendront les produits, par des canaux légaux ou pas. Il faut un message beaucoup plus clair et fort de refus des drogues.
Une vie sans drogues est possible. Une ville sans drogue est possible.
Osons seulement y croire et en parler à nos enfants. Osons lancer des campagnes innovantes et impactantes. Notre inaction est coupable. Mettons-y vraiment les moyens.
La santé et la sécurité de tous sont à ce prix.
Foulques Chombart de Lauwe