A Nantes, vendredi soir, deux jeunes hommes sont morts poignardés ; à la Chapelle-sur-Erdre, le même jour, une Policière municipale a été très grièvement blessée par un terroriste islamiste. Cette litanie est sans fin. Chaque jour, chaque semaine charrie son flot de violences qui toujours semblent s’aggraver et gagner en fréquence.
Face à ce phénomène, à Nantes comme en France en général, il nous faut faire l’Union sacrée.
A la veille de la Première guerre mondiale, les Français, très divisés, avaient su dépasser leurs clivages pour faire « l’Union sacrée ». L’ampleur de la menace était telle que les responsables politiques, syndicaux, religieux, surent oublier un temps leurs divergences. Saurons-nous le faire aujourd’hui et enfin réagir face à la violence extrême ?
Pour y arriver, il faut savoir observer la réalité et nommer l’ennemi. Il faut aussi réfléchir ensemble à ses causes profondes pour qu’enfin les choses changent.
Admettre ensemble la réalité de l’insécurité
L’ampleur de la flambée de violences à Nantes ne semble plus faire débat, et c’est assez nouveau. Johanna Rolland semble avoir enfin pris conscience de la souffrance des Nantais. Le discours évolue plus vite que les actes mais l’inflexion est réelle. Le Procureur de la République ne mâche pas non plus ses mots quand il affirme qu’à Nantes, « tous les voyants sont au rouge ». Les Associations citoyennes qui dénoncent l’insécurité gagnent en audience : j’en veux pour preuve l’excellente intervention de S2N (Sécurité nocture à Nantes) sur le plateau de David Pujadas pour l’émission: La Grande Confrontation : « Sécurité : où va la France ? ».
Identifier les maux, sans peur des mots
Le grand mal de notre temps, c’est l’incapacité, voire le refus de nommer les choses. En matière de sécurité, le RN a fait de longue date une OPA sémantique qui paralyse la scène politique, de peur de « faire le jeu » de ce parti. C’est absurde et cela revient à abandonner les victimes de l’insécurité.
A Nantes comme dans les autres grandes métropoles européennes, nous souffrons de plusieurs maux profonds qui, chacun à leur manière, alimentent l’insécurité :
- L’explosion de la consommation de drogue et des trafics qui y sont liés ;
- La menace terroriste islamique, pas moins qu’ailleurs ;
- La ghettoïsation de certains quartiers où se concentrent pauvreté et communautarisme ;
- Des familles déstructurées, appauvries, qui n’arrivent plus à éduquer leurs enfants ;
- L’absence d’opportunités pour beaucoup de jeunes et un marché du travail à deux vitesses ;
- Un refus du principe d’autorité de l’Etat et une complaisance avec la violence militante (ex : ZAD) qui font des forces de l’ordre, des pompiers, des fonctionnaires, des cibles.
Sur ce diagnostic et sur les solutions, je n’espère pas d’Union sacrée, seulement du courage de la part des responsables politiques.
Envoyer un signal clair aux délinquants
Le Pacte de Sécurité signé par Johanna Rolland et Gérald Darmanin va dans le bon sens. Les effectifs supplémentaires de Police (municipale et nationale) étaient très attendus même si, avec 70 Policiers nationaux, nous sommes clairement lésés par rapport à Lyon ou Bordeaux qui en ont reçu respectivement 200 et 140. Le Gouvernement s’est calé sur les 70 municipaux annoncés par la Ville. A ce jeu du moins-disant, ce sont les Nantais qui sont perdants.
Maintenant, il faut d’urgence et sans hésiter armer les Policiers municipaux pour les protéger. Cela ne doit plus faire l’objet de controverses. L’Union sacrée commence par là.
Et tout ceci sera vain si une véritable doctrine de l’ordre public n’est pas rétablie à Nantes, si un signal clair n’est pas envoyé aux délinquants :
- Déclaration des manifestations en Préfecture, comme la loi y oblige, mais à Nantes, on s’en passe !
- Consignes de fermeté aux patrouilles pour réellement déranger les trafics, plutôt que les observer à distance
- Montrer que la délinquance ne reste pas impunie en multipliant les travaux d’intérêt général et le travail non rémunéré
- Grand plan anti-drogues, sans ambiguïté, pour envoyer un message clair à nos jeunes
- Réappropriation immédiate des lieux squattés par les trafics, comme le jardin des Fonderies dont les Nantais sont privés
Ces actions sont à notre portée, sans attendre les indispensables moyens additionnels. Il faut, encore une fois, du courage et de la lucidité. Il faut aussi de l’unité. Comptez sur nous pour travailler en ce sens.
Foulques Chombart de Lauwe