[texte de mon intervention au Conseil municipal du 25/06/2021]
L’année 2020 a été atypique, c’est le moins qu’on puisse dire. Le COVID s’impose à tous et il a fallu faire face à de nombreuses dépenses d’urgence pour aider les Nantais en difficulté. Nous avons voté dans l’ensemble ces aides exceptionnelles. La continuité du service public aux Nantais a été assurée et notre groupe veut aussi en féliciter les services.
Concernant l’arrêté des comptes 2020, je ne vais pas refaire le débat du budget mais il faut que les Nantais comprennent bien la situation :
- après une phase de désendettement pendant l’ancien mandat, votre majorité a décidé d’appuyer sur le champignon en matière d’investissement. De 50 MEUR, nous sommes passés à 80 l’an dernier et vous prévoyez d’atteindre 100 MEUR cette année. Ce doublement de l’effort d’investissement est clairement insoutenable.
- Les recettes baissent et les dépenses augmentent. On appelle ça un effet de ciseau. Mais l’impact du COVID là dedans ne représente que 3,4% du total du budget.
- Dans une tel contexte, ce budget supplémentaire aurait dû être l’occasion de vous adapter à la simple réalité, de maintenir un effort soutenu d’investissement sans le doubler pour autant et d’étaler dans le temps ce qui était prévu en période plus faste. Vous n’en faites rien et nous le déplorons.
- plus de la moitié de cet investissement a été financé grâce à 45 M€ de dettes. Cette dette ne peut être remboursée que si l’épargne est suffisante. Or cette épargne se réduit à vitesse grand V, vous le savez bien : l’épargne disponible est passée de 25 à 9,6 M€, soit une fonte de plus de 60%. Là encore, les seuils d’alerte ne sont pas atteints mais on s’en approche.
La Ville de Nantes n’est pas l’Etat qui pense pouvoir se permettre le fameux “quoi qu’il en coûte”. L’urgence n’empêche pas la prudence.
Enfin, permettez-moi de vous faire part de mon étonnement sur le manque de transparence dans les travaux des commissions qui précèdent notre conseil et plus généralement dans les instances de gouvernance de la ville et de ses satellites. Le manque de transparence fait naître le doute et nuit à la sérénité de nos débats, sans compter qu’il est fatigant de lire des milliers de pages dans des délais intenables.
Voici quelques exemples récents :
- notre commission des Finances ne peut pas travailler sur des synthèses réalisées par les services, aussi qualitatives soient-elles. A chaque fois que notre assemblée doit se prononcer sur un rapport, il est inadmissible que nous n’ayons pas très en amont des commissions les documents de base. Je prends l’exemple des comptes-rendus des administrateurs de structures qui font la une de l’actualité comme la SEM Folle Journée ou le Voyage à Nantes.
- De la même façon, quand vous nous soumettez un avenant, doit être systématiquement joint le contrat d’origine et les annexes. Lors du dernier CA du Voyage à Nantes, tous ces éléments concernant un avenant sur l’entretien des Machines de l’Ile avaient été omis.
- enfin, je réitère notre demande que les compte-rendus des commissions soient des verbatims, comme pour ce conseil, et non des synthèses. Les Nantais pourraient ainsi avoir la vraie teneur de nos débats et non une version édulcorée. Ils seraient par exemple surpris d’entendre M. Bolo nous annoncer lors de la présentation du Compte Administratif qu’il s’agit “de consommer joyeusement, et avec rigueur, nos marges de manoeuvre financières”.
Nous ne partageons pas cet enthousiasme dépensier qui se fait avec l’argent des Nantais. Nous voterons donc contre le Compte Administratif 2020.
Foulques Chombart de Lauwe