[Ceci est le texte de mon intervention au Conseil municipal du 15 octobre 2021]
Madame la Maire,
vous nous proposez dans cette délibération de soutenir deux associations qui oeuvrent pour la prévention de la récidive et la réinsertion des jeunes délinquants, en errance, ou toxico-dépendants. Nous ne pouvons que les approuver.
Vous proposez aussi de renouveler l’aide psychologique pour les habitants victimes de violences. Ceux du Breil en ont bien besoin après les récentes fusillades qui ont meurtri le quartier ; les 44èmes de l’année ! C’est tristement nécessaire mais loin d’être suffisant. On ne peut se contenter de traiter que les effets ; il faut s’attaquer aux causes.
Un récent rapport sénatorial a eu raison de distinguer la situation des jeunes étrangers en errance de celle des mineurs dits “isolés” ou non accompagnés, dont la prise en charge dépasse aujourd’hui largement les moyens des Départements. En effet, le phénomène des jeunes étrangers en errance a explosé à Paris, Bordeaux, Rennes ou Nantes, avec de nombreux problèmes d’addiction qui s’ajoutent au fait qu’ils échappent totalement aux parcours classiques d’insertion.
Mais ce rapport s’alarme aussi de l’impuissance des pouvoirs publics face à l’explosion de ce phénomène des jeunes en errance qui sombrent pour beaucoup dans la délinquance, souvent pour survivre ou sous la menace de délinquants plus âgés.
Et Nantes n’est pas en reste.
Une simple promenade après 22h quartier Bouffay ou place du Commerce suffit à le constater, n’importe quel soir de la semaine : vols à la tire, agressions, harcèlement de rue, vols par effraction ou avec violence, avec de plus en plus d’armes blanches (là encore, je vous renvoie aux chiffres du récent rapport sénatorial).
Les responsables sont connus de la Police, des vigiles, des commerçants et restaurateurs, voire même des clients ! Ils sont relâchés quelques heures après leur arrestation faute d’avoir pu prouver leur identité ou leur majorité. Cela décourage la Police, désespère les professionnels et scandalise les habitants.
Reprendre l’initiative, ne pas renoncer
Au nom des Nantais qui veulent juste pouvoir vivre et sortir en paix, je vous le demande : quelle initiative souhaitez-vous prendre pour répondre à ce phénomène, en dehors de dire que ce n’est pas du ressort de la Ville ? Les habitants qui ont rencontré les élus municipaux square Daviais cette semaine l’ont redit : on ne peut plus se contenter de dire que rien ne peut être fait !
Nos propositions concrètes
Nous avons quelques suggestions simples à vous proposer, qui sont à la portée de la Ville :
- pour plus de réparation, vous pourriez par exemple sauter sur l’occasion ouverte par le nouveau Procureur qui proposait voici quelques jours de développer le travail non rémunéré à Nantes (alternative aux travaux d’intérêt général), en signant un accord avec le Parquet. Le principe est simple : “Tu casses ? tu répares. Tu salis ? Tu nettoies” et ainsi on luttera efficacement contre le sentiment d’impunité qui scandalise les Nantais ;
- pour les jeunes en errance, vous pourriez, comme à Paris, favoriser la mise en place de permanences avec les Consulats des pays d’origine afin d’accélérer le travail d’identification des forces de l’ordre quand ils arrêtent des délinquants ; ainsi les vrais mineurs seront protégés et les majeurs devront assumer leurs actes face à la justice. Et les reconduites à la frontières pourront être exécutées.
- Vous pourriez mettre en place des maraudes mixtes Etat / Département / Ville pour identifier les mineurs non accompagnés lors de leur arrivée et ainsi les orienter plus efficacement vers les structures d’accueil et d’insertion ;
- Enfin, pour la millième fois, vous pourriez accélérer et amplifier l’augmentation des moyens de la Police municipale afin de permettre une présence dans les quartiers les plus concernés toute la nuit les soirs de fête.
Bref, ce ne sont que des exemples, mais qui ont porté des fruits ailleurs. Il vous suffit de décider d’être proactive, de ne pas vous abriter derrière les compétences des uns ou des autres pour ne rien faire.
Tout le monde est débordé par le phénomène : l’Etat, la Police, la Justice, les communes. Mais chacun peut décider d’agir à son niveau pour ne pas laisser penser qu’on va laisser le chaos s’installer, qu’on a renoncé à protéger les Nantais.
Foulques Chombart de Lauwe