La Maire de Nantes a annoncé voici quelques jours qu’elle allait diriger la campagne d’Anne Hidalgo. En a-t-elle le droit ? Sans aucun doute, la loi sur le non-cumul des mandats ne couvrant pas ce type de situation.
Faut-il pour autant, comme le laisse dire sans broncher Ouest-France, considérer qu’il s’agit là d’un choix courageux à l’heure où le populisme gronde (voyez surgir le diablotin Zemmour !) et où les Français seraient tous avides de voir enfin advenir la social-écologie chère au cœur de notre édile ? Et bien non, la vérité est plus prosaïque.
Diriger une campagne, un job à plein temps
Mon hypothèse, c’est que Johanna Rolland, qui jamais ne fut ni ministre ni parlementaire, tout comme Anne Hidalgo, n’a aucune idée de ce que représente cette écrasante responsabilité. Une direction de campagne présidentielle, c’est un travail à temps plein, multidimensionnel, très compliqué dans la gestion des égos, des médias, de l’évènementiel ; et ce, même avec une équipe pour l’épauler.
Ou alors, autre hypothèse moins flatteuse, elle n’y croit tout simplement pas. Et alors, en effet, il s’agit d’une sinécure qui lui permettra de « surprendre l’opposition [municipale] en étant sur le terrain », « 100% à Nantes », dit-elle.
Une journée n’ayant que 24h, soit ce sont les socialistes qui sont bernés, soit ce sont les Nantais.
Les socialistes ont du mouron à se faire. Les écologistes, leur meilleur ennemi, leur taillent des croupières et leur rendent la vie impossible ; seule consolation : avec leur mentalité groupusculaire, ces derniers pourraient un peu les aider en désignant comme candidate Sandrine Rousseau, l’égérie du wokisme à la française.
Mais au PS, le vrai mal est ailleurs. Depuis 40 ans, ses élus ont renoncé à parler aux « classes populaires ». Le seul mot de « travailleurs » n’a plus été prononcé à gauche depuis la retraite d’Arlette Laguillier.
Vous voulez un exemple concret ? La première annonce (coûteuse) d’Anne Hidalgo, doubler le salaire des enseignants. On voit qu’on est loin des classes populaires qui, elles, ne pourront compter sur ce coup de baguette magique mais devront bien payer la facture.
Les Nantais, eux, sont les dindons de cette farce électorale.
Au mépris de ses engagements, Johanna Rolland, déjà Maire de Nantes et Présidente de la Métropole (poste qu’elle pourrait céder à un vice-président ou un autre Maire), multiplie les engagements nationaux : présidente de France urbaine et maintenant, le pompon avec cette direction de campagne.
Pendant ce temps, à part de grands discours sur la social-écologie et l’urgence de la Ville non-sexiste, à Nantes, rien de concret ne change : l’insécurité grandit, la circulation est dantesque, la vie culturelle recycle à l’infini de vieilles recettes, les PME n’arrivent pas à recruter, les infrastructures ne suivent plus, la recherche et l’innovation sont la cinquième roue du carrosse.
Pour vous plaindre, écrire à :
Mme Johanna Rolland, directrice de campagne, Hôtel de Ville, 75004 PARIS.