Aubry, Hidalgo, Rolland : la fin d’un cycle
Martine Aubry démissionne de son mandat de maire de Lille. Successeur de Pierre Mauroy, elle met fin à 30 années d’engagement local. Une tendance se dessine désormais. Après la décision d’Anne Hidalgo en fin d’année dernière de ne pas se représenter à Paris, le socialisme municipal se meurt. Il est aux abois. Derniers vestiges d’un parti déboussolé, ces maires socialistes de grandes villes françaises sont poussés vers la sortie par une gauche toujours plus radicale, toujours plus sectaire, toujours plus dangereuse.
La nature a horreur du vide : bye bye PS, hello LFI !
Nous assistons au crépuscule du socialisme municipal, et au début d’un nouveau paradigme politique pour les métropoles françaises.
La gauche identitaire (LFI, EELV) a imposé la dictature des émotions et la concurrence victimaire. Ils bannissent toute nuance, toute mesure. Ils construisent un monde où le Bien et le Mal doivent être une évidence, sans jamais avoir à justifier leur système de valeurs. Ils sont le Bien, tous les autres sont le Mal. Refuser leur manichéisme, c’est déjà être dans le mauvais camp.
Cette posture dogmatique oblige à quelques contorsions pour ces soi-disant progressistes. Par exemple, il faut juger avant de tenter de comprendre. Il ne faut aucune limite à l’inquisition.
Le camp du « Bien » ne lâchera rien
Le moindre détail de la vie privée devient politique. La politique locale ne peut plus être cette conversation civique et civile, ce refuge qu’elle a toujours été face à la dureté du débat national. Chaque réunion de quartier, chaque concertation avec des habitants ou des commerçants, chaque chantier, chaque événement culturel, chaque cour d’école devient un terrain de combat idéologique.
Il faut rééduquer l’autre parce que – de toute évidence – il n’a pas compris. Il faut donc lui faire comprendre. Coûte que coûte. D’abord avec pédagogie (teintée de condescendance) puis avec fermeté.
S’il refuse, il faudra l’exclure du camp du Bien. Il conviendra alors d’utiliser le vocabulaire approprié en le qualifiant graduellement de boomer, de traître, de réactionnaire et, enfin, de fasciste. La sérénité du débat politique est sacrifiée sur l’autel de cette grande marche en avant. Le jeu en vaut la chandelle : la gauche identitaire règnera sur des cendres, mais elle règnera. La vulgate révolutionnaire marxiste a encore de beaux jours devant elle.
De longues couleuvres à avaler pour les derniers vrais socialistes
Pour les derniers maires socialistes n’ayant pas encore démissionné ou renoncé, il faut accepter d’avaler des couleuvres.
L’exemple de Nantes est criant en la matière. Johanna Rolland doit composer avec une majorité municipale sous la coupe des écologistes et soutenir les députés locaux du Nouveau Front Populaire, tels l’inénarrable Andy Kerbrat arrêté pour avoir acheté de la drogue dure à un mineur dans le métro parisien avec ses frais de mandat. Cette compromission coûtera cher à Johanna Rolland. Elle coûte déjà aux Nantais qui en vivent les terribles conséquences.
De manière très concrète, ces alliances contre nature empêchent les derniers Maires socialistes des grandes métropoles d’agir sur la sécurité, en armant leur police municipale et en renforçant le réseau de caméras que les écologistes qualifient de “Big Brother” digne de Georges Orwell.
A Nantes, cette compromission les oblige à ne demander qu’un euro symbolique de réparation lorsque des militants d’extrême-écologie dégradent la Préfecture. Elle oblige à renoncer aux différents projets d’aménagement en cours de gestation dans la Métropole.
Autre exemple criant : l’encadrement des loyers, mesure qui n’était pas dans le programme de Johanna Rolland mais bien dans celui de ses alliés écologistes et communistes. Peu leur importe d’ailleurs qu’il ait été prouvé à plusieurs reprises que cette mesure était contre-productive, congelant encore davantage le marché immobilier en réduisant le parc. L’essentiel est ailleurs, il faut être dans “le camp du Bien”. Il faut poursuivre ce concours Lépine de la décroissance et du communautarisme.
Pour les derniers socialistes, il faut se compromettre ou disparaître
Pour Johanna Rolland et ses homologues socialistes des grandes villes, de manière plus globale, il s’agit d’une question de survie. Il faut donner des gages pour montrer patte blanche. S’adapter ou disparaître.
Dans ce contexte, la prochaine élection municipale dans les grandes villes françaises s’annonce décisive. Nombre de bastions historiques d’une gauche déboussolée, “socialiste canal historique”, vont basculer. Et plutôt vers l’extrême gauche si les autres forces politiques ne se réveillent pas.
Il appartiendra aux électeurs de choisir un candidat mais aussi une vision, des valeurs, une certaine idée de leur ville. Pour cette confrontation fondamentale qui s’annonce, la droite et le centre ont une immense responsabilité. Celle d’incarner un projet ambitieux, fort, concret, apaisé, qui répond aux attentes du plus grand nombre (sécurité, écologie non punitive, pouvoir d’achat, logement).
L’extrême gauche s’organise, se structure. Face à cette menace très réelle, l’union des forces de droite et du centre est indispensable dans nos métropoles, derrière des candidats courageux qui cassent les codes. C’est le sens de la campagne que je mène tambour battant depuis 2023 avec mon mouvement Infiniment Nantes.
En 2026, c’est l’extrême gauche ou nous.
Foulques Chombart de Lauwe