Ne laissez pas nos policiers municipaux désarmés !

Voici un fait : 96% des policiers municipaux nantais veulent être armés.

Je tire ce chiffre d’une enquête interne dont ils m’ont fait part cette semaine. A Nantes, les Policiers municipaux craignent pour leur vie. Ils demandent à être armés depuis 2012 et se heurtent depuis lors à un refus systématique de Jean-Marc Ayrault puis Johanna Rolland.

Pourquoi veulent-ils être armés ?

Depuis 20 ans, leurs missions ont profondément évolué. Au début des années 2000, ils consacraient 50% de leur temps au stationnement et 50% à la tranquillité des écoles. Aujourd’hui, les commerçants ou les habitants se tournent vers la Police municipale pour intervenir sur des cambriolages ou des tapages nocturnes ; ils font des contrôles radars, interceptent des véhicules, avec tous les risques que cela comporte.

Depuis 20 ans, plus personne ne le conteste, la délinquancea changé de visage à Nantes, elle s’est durcie, le trafic de drogue a explosé et se fait à ciel ouvert ou dans un des 23 « supermarchés de la drogue » connus de tous, les incivilités dans les transports se sont multipliées, les professionnels de la nuit ont vu les armes surgir dans leurs bars, restaurant et boîtes de nuit… Bref, « l’époque heureuse des gardes-champêtres » est révolue.

Depuis 20 ans, l’Etat s’est désengagé. Il n’a ni les moyens ni la volonté d’augmenter sensiblement les moyens de la Police nationale dans les grandes villes. Les derniers renforts en trompe l’œil ne doivent pas escamoter la réalité : les gouvernements de droite, de gauche ou « en même temps » attendent des métropoles qu’elles contribuent davantage à la sécurité de leurs habitants, dans une logique de coopération et de coproduction.

Depuis 20 ans, ils sont trop peu nombreux, c’est évident ! La moyenne nationale est à 1 policier municipal pour 1000 habitants. Cela équivaudrait à 300 policiers pour Nantes. Aujourd’hui, ils sont 106 (+ 10 postes vacants) ! Les renforts annoncés se font attendre et le recrutement n’est pas facilité… à cause de l’absence d’armement, comme me l’ont expliqué ceux que j’ai rencontrés !

Aujourd’hui, le terrorisme frappe l’ensemble du territoire, aveuglément.

Nantes a failli connaître un drame d’ampleur au Marché de Noël voici quelques années, les réseaux islamistes sont présents aussi dans l’ouest. Contrairement à ce qu’affirme l’adjoint à la sécurité, Pascal Bolo, ce n’est pas une question « d’état d’esprit » ! C’est une dure réalité qui s’impose à tous les Français et qui nécessite d’anticiper, de nous tenir prêts et surtout, de protéger ceux qui nous protègent. Envoyer les policiers municipaux garder les lieux de culte le jour de la Toussaint sans qu’ils soient armés, c’est prendre un risque immense. Ils y vont la peur au ventre. Ils m’ont dit « on veut aussi rentrer chez nous le soir et voir nos enfants »…

Hier, à Nice, ce sont des policiers municipaux armés qui ont pu abattre le terroriste. A Conflans Sainte-Honorine comme à Saint-Etienne du Rouvray, il semble que ce soit la Police municipale qui soit arrivée la première sur les lieux mais que, non-armée, elle n’ait pas pu intervenir et ait dû attendre la Police nationale, perdant un temps précieux pour arrêter l’horreur. Dès 2015, année de basculement en matière de terrorisme, le Maire de Lyon Gérard Collomb, pourtant historiquement opposé à cette mesure, avait finalement accepté d’armer sa police municipale.

Et maintenant, à Nantes ? Rien.

On hésite à les doter tous de tasers, alors on décide d’en avoir un pour cinq (2 pour 3 en patrouille), alors que cette arme est connue pour son imprécision. A Nice, elle n’a pas suffi à neutraliser le terroriste et la Police Municipale a dû faire usage de ses armes à feu.

En tant que conseiller municipal, ma demande est simple : Madame le Maire, faites preuve de courage et de responsabilité, faites fi des postures idéologiques qui traversent votre majorité et imposez l’armement des Policiers municipaux. Ce sont des personnes responsables, qui sont très bien formées à l’usage des armes qu’on leur confie (stages annuels, etc.).

Ce ne sont pas des cow-boys. Juste des agents qui nous protègent et demandent votre protection.

Foulques Chombart de Lauwe

Etiquettes : sécurité
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