Rien ne sert de nier les faits…
Avez-vous vu l’excellente série intitulée « Chernobyl » ? Outre son aspect documentaire terrifiant, elle nous rappelle le mode de fonctionnement arbitraire du système soviétique, son culte obsessionnel du secret, sa passion des boucs émissaires, son rapport profondément vicié à la réalité. Un passage a retenu mon attention : quand le journal télévisé de la chaîne officielle du Parti annonce qu’il y a eu un accident à Tchernobyl, la speakerine se contente d’expliquer que le Comité central va « créer une commission ». A l’heure où chaque minute perdue fait des milliers de victimes, les idéologues du PC soviétique créent une commission.
Et bien, à Nantes, nous avons notre chère Premier secrétaire Johanna Rollandskaïa et son général multimédaillé Pascalevitch Bolochenko qui ont les mêmes réflexes d’apparatchiks déconnectés de la réalité du quotidien des Nantais, surtout les plus défavorisés.
Quelle réalité ? Contentons-nous d’observer la quinzaine passée
- Jour 1 : un homme est enlevé en plein jour par un commando aux Dervallières, à peine une semaine après la fusillade qui avait tué le jeune Ranau (voir mon précédent post),
- Jour 3 : un homme agresse au couteau des policiers municipaux ; faute d’arme plus efficace qu’une bombe lacrymo, ces derniers lui ont jeté… un vélo sur la tête pour arriver à le maîtriser. Heureusement que des policiers nationaux ont pu lui faire lâcher son couteau, sous la menace de leurs armes à feu, comme le précise Presse Océan. A part ça, l’armement est toujours un non-sujet en Rollandie qui a réagi fortement en évoquant son « émotion ». Point.
- Jour 4 : un commando de huit hommes cagoulés déboule au CHU pour récupérer un complice, tabassant au passage les policiers en faction et les agents de sécurité de l’hôpital. On attend toujours les propositions de la Présidente du CHU, Johanna Rolland.
- Jour 10 : nouveaux coups de feu liés au trafic à Nantes Nord, aucune victime heureusement, mais des habitants qui se disent « abandonnés » par les pouvoirs publics.
Rassurez-vous, Nantais, Johanna Rolland lance un « appel à projets sur l’insécurité » !
Face à cette avalanche de faits gravissimes, malgré les appels à l’aide des habitants, l’immobilisme est de mise. Pour mémoire, Johanna Rolland a mis une semaine à venir à la rencontre des habitants des Dervallières.
Seule solution concrète, elle leur a promis de faire accompagner leurs enfants terrorisés à l’école. Renseignement pris, 10 jours plus tard, personne n’a pris contact avec eux. De jeunes collégiens sont toujours pris en otage chez eux, assignés à résidence, la peur au ventre à l’idée de devoir affronter les menaces et insultes des dealers qui trônent et poursuivent leurs trafics dans les halls soi-disant sécurisés qui viennent d’être installés. En 2019, Nantes Métropole Habitat comptabilisait 164 halls d’immeubles perturbés par les incivilités et les trafics, dont plus d’une cinquantaine dédiés au trafic de stupéfiants.
Et puis, cette semaine, l’annonce tant attendue par les Nantais : un appel à projet sur les questions de sécurité va être lancé.
Nous avons cru à un canular. Il en faut, du culot, pour oser lancer un appel à projet quand les solutions sont devant nous, que la seule question est de décider d’agir.
Entre avoir des vigiles ou des dealers dans leur immeuble, les Nantais ont choisi !
Prenons par exemple la question des vigiles employés par les bailleurs sociaux. Ouest-France nous apprend qu’un bailleur courageux expérimente actuellement la chose à Nantes pour protéger les habitants des logements qu’il gère. On s’attendrait à une visite de la Maire sur place pour en évaluer l’efficacité, pour réfléchir à une solution plus globale avec les autres bailleurs (comme à Paris ou Toulouse). Mais non, pas à Nantes. Pascal Bolo nous explique que « ce n’est pas la société que nous voulons ».
Parce que les deals, les menaces quotidiennes, l’urine et les mégots dans les couloirs, les fusillades et les morts, c’est la société que nous voulons à Nantes ? Soyez un peu sérieux. Soit les vigiles permettent de perturber les trafics, de les empêcher de s’installer durablement et de rassurer les habitants et alors il faut généraliser la chose en urgence, soit ça ne marche pas et il faut imaginer vite autre chose ; mais en rester à cette réponse dilatoire est insupportable pour les Nantais pris en otage.
Non, Madame Rolland, ça ne nous plaît pas de voir des vigiles dans les halls d’immeuble. Non ce n’est pas la société que nous voulons non plus. La Police et la Justice doivent faire plus, certes. La ville aussi. Nantes Métropole Habitat également. Ca ne tient qu’à vous. Les solutions sont là.
Une conseil municipal sur la sécurité à organiser en urgence
Au prochain Conseil municipal du 5 février, aucune mesure n’est prévue en matière de sécurité. Nous demandons donc qu’un Conseil municipal exceptionnel soit consacré à ce sujet pour étudier et voter toutes les solutions concrètes qui sont à notre portée pour protéger les Nantais :
- accélération sur les effectifs de la police municipale et leur armement,
- vidéoprotection,
- vigiles dans les HLM,
- plan massif de prévention des addictions,
- jury du Maire pour responsabiliser les parents et dissuader les plus jeunes de choisir l’argent facile.
Je le répète : nous appuierons toutes les propositions qui iront dans le sens d’une protection accrue des Nantais.
Foulques Chombart de Lauwe