Comme le révèle le récent et sanglant rapport de la Chambre régionale des Comptes, le projet de transfert du Marché d’Intérêt National (MIN) de Nantes à Rezé, porté par la majorité socialiste de Nantes Métropole, est un échec retentissant dont les conséquences financières continuent d’alourdir les comptes publics. Ce déménagement, entamé en 2016, a dépassé de loin les coûts initiaux, et ce, dans une opacité qui appelle à rendre des comptes. Alors que les élus métropolitains et les Nantais auraient dû être pleinement informés des dépenses, les manquements à la transparence financière sont flagrants, dénonce la Chambre.
Un coût exorbitant et non contrôlé
Selon ce rapport, le coût total de ce projet, initialement estimé à 70 millions d’euros hors taxes, a littéralement explosé pour atteindre plus de 255,9 millions d’euros, financé en grande partie par les contribuables locaux et nationaux. La seule construction du nouveau MIN a coûté 158 millions d’euros TTC, un chiffre démesuré pour un équipement de cette nature. Pire encore, une partie de ce financement repose sur des emprunts à taux variable, exposant la collectivité à un risque majeur de dérapage financier en cas de hausse des taux d’intérêt.
Une information financière tronquée
L’absence de présentation consolidée des coûts du projet aux élus du conseil métropolitain est une autre preuve de la gestion opaque de ce dossier. Les décisions ont été prises sans fournir une vue d’ensemble des dépenses liées à la construction du nouveau MIN ou à la démolition de l’ancien site sur l’île de Nantes. En ne créant pas de budget annexe dédié, la majorité socialiste a empêché tout suivi clair et précis des coûts, privant ainsi les élus d’une information transparente et complète.
Des surcoûts évitables
Les multiples modifications en cours de chantier, comme l’installation d’une toiture photovoltaïque tardivement décidée, ont ajouté 2 millions d’euros de surcoût, soulignant l’impréparation du projet. D’autres décisions, telles que la modification de la gare de péage à l’entrée du MIN, ont encore gonflé la facture. Le coût total de la construction du nouveau MIN est ainsi passé de 70 millions à plus de 130 millions d’euros HT, un dépassement de plus de 85 %.
Une gestion déléguée hasardeuse
La Société d’Économie Mixte du Marché d’Intérêt National de Nantes (SEMMINN), chargée de la gestion du MIN, s’est vue attribuer la nouvelle délégation de service public sans concurrence, ce qui pose de graves questions sur le respect des règles de la commande publique. Non seulement cette délégation, initialement conclue en 1975, a été reconduite de façon irrégulière pendant 45 ans sans mise en concurrence, mais le contrat actuel, signé en 2021, est également déséquilibré financièrement, au détriment de la SEMMINN, qui ne réalise que des bénéfices dérisoires.
Des indemnisations injustes
Le transfert du MIN a entraîné 15,7 millions d’euros d’indemnisations pour les anciens occupants, une somme élevée. Cependant, ces indemnisations ont été accordées de manière inégale et parfois disproportionnée, certains anciens occupants ayant reçu des compensations déconnectées des pertes réelles subies. De plus, les accords de confidentialité imposés ont empêché une pleine connaissance des conditions d’indemnisation. Opacité, quand tu nous tiens… On parle tout de même d’argent public !
Un échec symbolique de la majorité socialiste en bout de course
La gestion du transfert du MIN de Nantes à Rezé n’est ni faite, ni à faire et ses conséquences financières sont très lourdes pour les Nantais. Entre opacité, surcoûts et mauvaises décisions, ce projet illustre le « quoi qu’il en coûte » à la nantaise, par une majorité à bout de souffle qui a conduit ce chantier en dépit du bon sens et au mépris des finances publiques. Elle devra rendre compte dans les urnes de cette gestion calamiteuse.
Vivement 2026 et une ère de transparence sur l’usage de votre argent !
Foulques Chombart de Lauwe